blog_rosinski.jpgNĂ© le 3 aoĂ»t 1941 Ă  Stalowa Wola, dans le sud-est de la Pologne, Grzegorz Rosinski dĂ©couvre très tĂ´t la BD occidentale par l’intermĂ©diaire du journal Vaillant… S’il ne comprend pas encore la langue française, le dessin, la forme graphique du phylactère et l’enchaĂ®nement des sĂ©quences, le marqueront Ă  tout jamais. Sa voie est toute tracĂ©e… Plus tard, le jeune Grzegorz crĂ©era, lui aussi, des bandes dessinĂ©es !

Dès l’aube des années 1950, il commence à raconter ses premières histoires en images. En 1967, il obtient un diplôme en arts graphiques à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie. Jusqu’en 1976, il multiplie les travaux chez différents éditeurs polonais. Cette même année, il devient directeur artistique de la revue Relax.

En 1976, toujours, il rencontre Jean Van Hamme, alors à la recherche de dessinateurs. Les deux hommes sympathisent, se comprennent, se complètent. De cette complicité naîtra Thorgal.

Grzegorz Rosinski publie quelques récits humoristiques dans le journal Spirou et dans son supplément Le Trombone illustré. Sous le pseudonyme de Rosek, il y met en images "La Croisière fantastique", une fantaisie écrite par J.C. Smit-le-Bénédicte, alias Mythic, le futur scénariste d’"Alpha".

Le 22 mars 1977, le journal "Tintin" propose les premières planches de "Thorgal". La sĂ©rie en est encore Ă  ses balbutiements et le premier Ă©pisode, "La Magicienne trahie", se limite seulement Ă  30 planches ! Très vite, pourtant, le succès est au rendez-vous… Ă€ ceci, une raison simple, la sĂ©rie vĂ©hicule des valeurs intemporelles comme l’amour, le courage et la libertĂ© ; les lectrices et lecteurs s’identifiant aux diffĂ©rents membres de la famille Aergirsson, de Thorgal Ă  Aaricia, en passant par Jolan et Louve… MĂŞme Kriss de Valnor, par sa mĂ©chancetĂ© chevillĂ©e au corps, sa fourberie, en deviendrait presque attachante… en tĂ©moigne l’ouvrage que vous tenez aujourd’hui entre vos mains !

Jouant sur les ressorts dramatiques du roman-feuilleton, les thématiques — de l’aventure pure à l’héroïc-fantasy, en passant par le péplum ou la S-F. —, Van Hamme signe ici l’une de ses œuvres les plus abouties, portée par le graphisme somptueux de Rosinski, un illustrateur en pleine possession de ses moyens, en perpétuelle recherche. Rosinski prend un malin plaisir à dessiner "Thorgal" et cela se sent jusque dans les plus infimes détails… Cette saga dégage ainsi une énergie vitale communicative.

En 1980, André-Paul Duchâteau lui rédige "La dernière Île", une histoire de science-fiction. Hans est né. Cette série paraît en albums, aux éditions du Lombard, à partir de 1983. Accaparé par Thorgal, Rosinski cède ensuite la place à son compatriote Kas (Zbigniew Kasprzak) qui la poursuit dès lors dans un style graphique proche du sien.

De 1976 à 1982, Grzegorz Rosinski continue d’habiter Varsovie, d’où il envoie ses travaux par la Poste. Cette période de transition l’incite à mûrir son trait. En 1982, le général Jaruzelski arrive au pouvoir en Pologne et instaure la loi martiale… Plus question d’envoyer quoi que ce soit par courrier. Un visa temporaire lui permet pourtant de se rendre au Festival d’Angoulême, puis à la Foire du Livre de Bruxelles. Quelques mois plus tard, sa femme et ses enfants le rejoignent à l’Ouest.

En 1982, toujours, Jean Van Hamme propose à Casterman une histoire située dans un monde "tolkenien"… la saga de J’on le Chninkel prend très vite des allures d’épopée. En 1986, "Le grand Pouvoir du Chninkel" paraît dans le mensuel "(À Suivre...)". L’album suivra, deux ans plus tard, chez l’éditeur tournaisien, réédité aujourd’hui, et en parallèle à la version noir et blanc, sous la forme d’un triptyque en couleurs — réalisées par Graza, l’actuelle coloriste de "Thorgal" —, chez Casterman, entre 2001 et 2002. Rosinski profite de l’occasion pour y adjoindre certains croquis préparatoires et peindre trois nouvelles couvertures.

En 1989, Grzegorz Rosinski s’installe en Suisse. Il tente également une nouvelle expérience aux côtés de Jean Dufaux, avec "Complainte des Landes perdues", une série très librement inspirée par l’univers celtique. Ce premier cycle paraît chez Dargaud, entre 1993 et 1998, puis sous la forme d’une "intégrale", en 2002. Philippe Delaby en assure la continuité graphique, en 2004.

En 2001, Rosinski renoue avec l’histoire de l’Ouest américain — l’un de ses thèmes de prédilection, adolescent — avec son partenaire Jean Van Hamme. "Western" décrit la longue errance de Jess Chisum, un petit escroc entraîné bien malgré lui dans une aventure le dépassant quelque peu. Ce récit indépendant paraît dans la collection "Signé" des éditions Le Lombard — le scénario de Van Hamme, assorti d’esquisses de Rosinski intègre pour sa part, en 2003, la collection "En marge". Cette même année, Le Lombard regroupe cinq des épisodes les plus marquants de "Thorgal", dans le "Cycle de Qâ".

En 2003, encore, le Festival international de la bande dessinée (F.I.B.D.) d’Angoulême, puis le Festival de Sierre (Suisse) lui consacrent une importante exposition rétrospective, conçue par son fils, Piotr. Cette dernière, complétée, repensée, accède aux cimaises de la Conciergerie (Paris), en octobre 2004.

En janvier 2004 Dargaud propose le premier volet de "La Vengeance du Comte Skarbek", un diptyque scénarisé par Yves Sente, dans lequel, sur fond d’intrigues romanesques, l’illustrateur s’essaye à une nouvelle technique de dessin et à une mise en couleurs, proche de la peinture.

Le 7 septembre 2006, G. Rosinski a été décoré de la "Croix d’Officier de l’Ordre Polonia Restituta" des mains de l’ambassadeur de Pologne à Berne, M. J. Niesyto.

En novembre 2006 paraît "Le Sacrifice", tome 29 de "Thorgal". Avec cet album, Rosinski se remet une nouvelle fois en question et adopte un nouveau traitement graphique, tout en peinture directe, qui réussit le tour de force de conserver le dynamisme de son trait habituel. En 2007, le dessinateur illustre la suite de cette série scénarisée, à partir du tome 30, par Yves Sente.

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